Eight years ago, at ICM Associates, we had the intuition that our developed world was somewhat out of breath and that it had to prepare for repeated and devastating shocks. For many industrial and corporate sectors, the issue would be less one of development than one of survival. There had been crisis in 2008 and […]
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Le Général François de Lapresle, sert aujourd’hui à l’état-major des armées dans la sphère du renseignement, dans un contexte tendu de retour des états-puissance et de menace terroriste permanente. Saint Cyrien (Arme blindée et Cavalerie), François de Lapresle mène une carrière d’officier qui l’a conduit de lieutenant à officier général à servir aussi bien en Iraq en 1991, qu’à Sarajevo, en République Centrafricaine et au Mali avec Barkhane plus récemment.
Homme de terrain, d’action et d’opérations, François de Lapresle a commandé, accompagné et observé des combattants, des femmes et des hommes professionnels pour qui le courage n’est pas un vain mot, mais qui sont dominés par le sens de la mission, la préservation du potentiel et le primat du collectif. Le leadership, dans un tel contexte, est un art essentiel et complexe. François de Lapresle en partagera les principales dimensions avec les participants. Où doit se placer le chef pour guider, diriger, conduire, motiver, soutenir, protéger et former ses compagnons d’armes?
Synthèse de présentation
Dans les armées françaises le courage est un fondement culturel solide et une valeur reconnue.
Il s’apprend, s’entretient, se mérite et se conforte.
De hautes autorités politico-militaires ont pu tenter de le définir à travers quelques caractéristiques fortes : pour Clémenceau, il se décline dans la volonté et la détermination à donner l’élan nécessaire. Pour Bonaparte, il se manifeste plutôt dans ce courage de trois heures du matin, quand il faut seul décider de l’action décisive et en accepter les risques. Pour Jaurès, c’est le pouvoir de placer la “Cause” à défendre au premier plan. Pour Mandela, enfin, accepter la peur et la dépasser.
Dans mon expérience d’officier, j’ai observé quatre grands types de courage qui incarnent tout ou partie de ces aspects : le courage du chef, le courage du subordonné, le courage individuel et le courage du quotidien.
Le courage du chef se distingue dans sa capacité méthodique et pédagogique à définir le cadre de la mission confiée. Il doit en apprécier lucidement les risques pour d’obtenir l’adhésion et la confiance de ses hommes en transcendant la peur individuelle et collective. C’est celui de ce lieutenant qui avant une reconnaissance en zone adverse pendant la 1ière guerre du golfe scénarise avec réalisme et souci du collectif la partition à succès de son peloton malgré l’incertitude et un rapport de force défavorable. Cet élan du chef, incarné avec responsabilité et considération, indique à tous le chemin du courage.
Le courage du subordonné se traduit par l’initiative audacieuse de celui qui propose une action délicate et convainc son chef d’exécuter l’action dont il a eu l’intuition tout en en mesurant les limites. A Sarajevo, c’est le courage de ce sergent-chef, qui dans un cadre onusien sous le tir croisé des belligérants prend l’initiative de s’exposer avec ses hommes pour imposer le silence des armes par sa détermination et la saisie rapide et judicieuse d’opportunités. Cette intelligence de la situation et cette subsidiarité est le fruit d’une concentration, d’un travail et d’une méthode apprise et assumée.
Le courage individuel se décline dans une capacité personnelle via un élan altruiste à prendre en compte une situation impliquant un engagement individuel. Il s’incarne ainsi dans l’attitude de ce brigadier-chef qui la veille de partir en Afghanistan pour 6 mois se porte volontaire pour remplacer un camarade inapte, laissant sa femme et ses enfants sur court préavis. C’est aussi celui de ce caporal, qui en mission Sentinelle maîtrise avec retenue un terroriste suicidaire. C’est encore celui héroïque, de cet infirmier, qui trois fois de suite, sous le feu des talibans, porte secours à des camarades blessés et y laisse la vie. Mais c’est aussi celui de familles qui acceptent et assument le choix fait par l’un des leurs : courage individuel de la veuve d’un mort pour la France qui élève seule ses enfants. Ce courage repose sur le ciment d’une communauté et la solidité des valeurs fraternelles qu’elle défend.
Le courage au quotidien s’exprime et s’entretient dans une attitude de franchise et de confiance privilégiée et encouragée. C’est d’abord celui de la voix : le soldat qui parle à son chef et dit simplement des choses qui parfois dérangent, avec lucidité et respect. C’est aussi celui du regard qui perce, encourage ou donne le sens, échange dans les yeux et entretien concret du lien interpersonnel. C’est en fait une capacité de conviction qui permet d’aller contre les vents dominants en se mettant au service de l’intérêt général : la hiérarchie et l’uniforme ont dans ce cadre un effet paradoxal qui facilite l’expression, la liberté d’action et l’initiative bien comprise.
Ces quatre formes de courage se retrouvent finalement dans le code du soldat qui détaille en 11 articles l’attitude et les devoirs de ceux qui choisissent le métier des armes : Au service de la France, le soldat lui est entièrement dévoué, en tout temps et en tout lieu. Il accomplit sa mission avec la volonté de gagner et de vaincre, et si nécessaire au péril de sa vie. Maître de sa force, il respecte l’adversaire et veille à épargner les populations. Il obéit aux ordres, dans le respect des lois, des coutumes de la guerre et des conventions internationales. Il fait preuve d’initiative et s’adapte en toutes circonstances. Soldat professionnel, il entretient ses capacités intellectuelles et physiques, et développe sa compétence et sa force morale. Membre d’une communauté solidaire et fraternelle, il agit avec honneur, franchise et loyauté. Attentif aux autres et déterminé à surmonter les difficultés, il œuvre pour la cohésion et le dynamisme de son unité. Il est ouvert sur le monde et la société, et en respecte les différences. Il s’exprime avec réserve pour ne pas porter atteinte à la neutralité des armées en matière philosophique, politique et religieuse. Fier de son engagement, il est, toujours et partout, un ambassadeur de son régiment, de l’armée de terre et de la France.
Appris par cœur par le jeune engagé, ce code, vécu au quotidien et assimilé au contact des autres, impose une attitude humble et collective et favorise ces courages cumulatifs qui enrichissent et épanouissent chacun.